Commentaire de Mohamed Gallaoui
CHER AMI ZINOUN
C’est avec un extrême plaisir que j’ai lu ton scénario en collaboration ave notre ami Soukri « la femme écrite ». Je tiens à vous féliciter et espère que la commission s’en emparera sans hésitation.
Je vais transcrire ici rapidement les premières impressions qu’avait suscité en moi une première lecture du scénario, en espérant avoir l’occasion de le débattre avec toi plus amplement dans sa profondeur thématique et formelle.
L’histoire que relate le scénario est d’une densité intarissable, non seulement par les rebondissements qu’elle retrace, somme toute habituels dans le genre (l’enquête policière) mais surtout par la complexité des personnages (n’étant aucunement manichéens ou stéréotypés) et la multiplicité de ses références historiques et culturels. De fait, il y’a là une subtile manière de puiser dans le patrimoine national : amazighité, judaïsme, islam…. Mais ce n’est pas ce qui fait à mon sens toute l’originalité du récit. Celle-ci s’inscrit davantage dans ce retour à certaines formes originelles de la représentation tels les tatouages, la calligraphie, la musique et la danse, la chorégraphie et le cinéma… A cela j’ajouterais la combinaison entre l’imaginaire et le véridique, le légendaire et l’historique, le symbolique et le réel voire le poétique et le philosophique. Tout cela atteste d’une maturité certaine dans la construction scénaristique. Je n’oublie pas au passage la partie allégorique sur le despotisme et la servitude et tout ce qui concerne la nécessité d’une relecture en profondeur de l’histoire de notre pays et surtout, celle de son peuple.
Au niveau de sa construction, le scénario repose sur un style d’écriture éclaté sans être enchevêtré ; c’est une suite d’historiettes qui concourent à former la trame du récit et lui donnent son ossature. La mise en situation tout autant que les éléments qui constituent l’atmosphère des scènes sont constamment bien meublés même si parfois, on aimerait croiser plus de détails pour renforcer leur densité dramatique. N’empêche, cela ne réduit nullement le plaisir qu’il y’a à suivre votre effort à jouer avec les formes inhérentes qui caractérisent tout l’art cinématographique. Les dialogues sont transcrites en langue française. Je ne sais pas si leur traduction en arabe/amazighe ne renforcerait pas davantage leur charge symbolique comme je ne sais pas si le français sera maintenu dans le film.
Voici donc ces quelques lignes écrites à la hâte. J’attends aussi de voir le film. Je vous félicite et vous souhaite la réussite dans votre projet.
A bientôt.