Commentaire de Ali Khadaoui

Azul Mas Lahcen,

J'ai lu attentivement - et avec un plaisir immense et à la fois douloureux - votre scénario, il est simplement magnifique. Et tellement profond car il s'interroge sur la mémoire en Afrique du Nord - et par là même, interroge cette mémoire mise à rude épreuve par les vicissitudes de l'histoire. Je crois que c'est le premier travail de ce genre côté cinéma marocain. Il suscitera des remous pour le bien de ce peuple qui devient de plus en plus amnésique, et, par conséquent, ne peut plus créer. Je vous dis "Ayyuuuuuuuuuz": Félicitations en tamazight.

Commentaires:

Rien à dire sur le fond.

Sur la forme, j'ai remarqué quelques coquilles d'orthographes, peut-être insignifiantes pour le film; Pour votre info, au cas où vous ne l'auriez pas approché:

Le tatouage chez imazighen avait des fonctions différentes:

  • une fonction esthétique: la femme n'était belle que tatouée!" mayd issenn ad iysluz ul ghas tibrbachin n waggayn"
  • une fonction sociale: à son ou ses tatouages, on pouvait reconnaître le statut de la femme (jeune fille ou non), son appartenance régionale et même tribale(c'était une sorte d'état civil ou de carte d'identité);
  • une fonction médicale: le tatouage était indiqué (et il était efficace) pour stopper la croissance de certains goitres (tirti);
  • une fonction magique: le tatouage était réputé protéger du mauvais oeil;
  • Mais je crois que sa fonction essentielle était l'inscription dans le corps, d'une écriture -tifinagh- qui était sous Massinissa, et surtout à la veille de la colonisation romaine, au seuil d'un usage national! Interdite de l'usage public sous peine de mort par les romains et surtout les vandales, l'écriture en tifinagh a été sauvegardée par l'usage privé .

    Le tatouage amazighe a été-est toujours-dans la ligne de mire des envahisseurs car par ce tatouage, ce sont imazighen et timazighin qui signifient au monde leur existence. Il est normal qu'on cherche donc à l'effacer par tous les moyens, et le plus efficace est celui qui l'a satanisé.

    La question de la mémoire, cruciale pour chaque peuple qui veut avancer, n'est pas encore posée en Afrique du Nord. L'histoire retiendra que vous avez posé l'un des premiers jalons d'une interrogation qu'on diffère depuis longtemps. Encore une fois merci pour ce travail magnifique. Et bon courage.

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